Le chant des mots

Chacun possède une relation unique avec l’écriture et avec les mots qui la composent. Une relation intime, privilégiée, secrète parfois. Selon que l’on se sente digne de la proposer aux yeux du monde. Ou bien que l’on décide que celui-ci est suffisamment méritant pour la découvrir.

Se développe ainsi une forme de confession, entre écrivain et lecteur(s). L’écriture est le miroir de son âme, drainant son esprit et canalisant chacune de ses pensées, immortalisées sous la plume. Les mots prennent vie, s’animent, sautillent sur le papier, dansent entre les lignes, au rythme d’une gigue endiablée. Ils courent le long des pages, entachant le papier immaculé, comblant son vide. Et à la manière d’une incantation, ils l’emplissent d’images, prenant vie, respirant et se mouvant sous l’œil du lecteur attentif et rêveur. L’écriture n’est autre que cela, une forme de magie, demeurant silencieuse dans un monde devenant sans cesse plus obscur, froid et perdant de sa fantaisie. Chaque mot renvoie une idée, une image, un sentiment. Les adjectifs viennent les caractériser, les adverbes quantifient ou les définissent, les verbes leur offrent de l’action. Ainsi ils se rassemblent, ces petites communautés de mots forment des phrases, qui elles-mêmes en rejoignent d’autres pour former des paragraphes de plus en plus longs. À cela vient s’ajouter la ponctuation, venant rythmer les phrases, leur donnant du souffle quand elles perdent haleine. Autant de possibilités, de combinaisons infinies dans leur choix et leur agencement.

Mais au-delà de l’image, chacun d’entre eux sonnent et résonnent, se parant d’autant d’accents, intonations et d’inflexions dont la voix est capable. À la manière de notes de musique, les mots viennent maculer les portées, gonflant ces nouvelles partitions littéraires. Et c’est alors qu’ils chantent, chaque tonalité vibrant dans l’air et se déversant comme une musique jusqu’au curieux qui les lit. L’écrivain n’est autre que le chef d’orchestre, de sa baguette il dicte ses ordres, donnant la cadence, l’intensité, et la structure.

Voici mon univers, voilà ce que je suis, et voyez quelle place de choix je vous ai réservée. Je vous souhaite donc un bon concert !