En ce temps-là nous étions insouciants, des rêves plein la tête, des étoiles plein les yeux. Nous envisagions le futur avec un optimisme à toute épreuve, défiant quiconque voudrait nous en détourner. Nous voyions les choses en grand, faisant des projets tous plus immenses et surréalistes les uns que les autres. “Moi je veux être astronaute !”, “Et moi président du monde !”, “Alors moi je veux avoir une chocolaterie rien que pour moi “. Autant d’extravagances que nous permettait notre imagination, n’ayant comme limite seulement ce que nous ne connaissions pas encore. Nous refaisions alors le monde à notre convenance, le colorant de mille et une teintes, le décorant d’un florilège d’accessoires, le repeuplant de créatures en tout genre. Le monde était une large toile blanche, vierge de toute empreinte et appropriation, livré à notre seule ambition créative. Nos rêves se changeaient en coups de crayon et peinture. Notre pensée et notre parole de plus en plus aiguisée et précise concrétisait les canevas que l’on se représentait. De nos esquisses naissaient la vie. Chacun y ajoutant ses propres détails, sa propre touche.

S’ébauchaient alors des hommes, individus foncièrement bons, sains, simples et ayant gardé leur âme d’enfant. Ils ne rêvaient pas d’être adulte, seulement demeurer éternellement dans l’innocence de l’enfance : jouer aux pirates, aux indiens et aux cowboys, refaire les plus illustres matchs de foot, jouer la starlette, sans se soucier de devoir grandir.

Le temps n’avait pas la même importance, nous ne nous soucions pas encore d’avoir de montre au poignet, si ce n’est pour arborer un nouvel accessoire. Le temps n’avait pas le même impact, nous ne courrions pas après lui. Il était infini, sans jamais qu’il soit question d’en perdre ou d’en gagner. Seulement de vivre au jour le jour, sans penser au lendemain. Se lever avec le soleil et le jour, se coucher avec la lune et la nuit. Découvrir sans cesse le monde et ce qui le compose, ce qui nous entoure et nous constitue.

Nous marchions ainsi fiers, dans le soleil, dans la pluie comme dans la grêle, tels de braves petits soldats. Des soldats fiers de leurs idéaux, les défendant corps et âme et luttant pour leur liberté. Nous chantions et revendiquions haut et fort nos convictions. Nous arborions alors solennellement cette fameuse devise, symbolique de notre être et de notre manière d’appréhender la vie : “Carpe diem”.

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